samedi 8 novembre 2008

La thérapie crânio-sacrée n’est pas de la médecine.

Reprinted from Physical Therapy; Washington; Nov 2002; Steve E. Hartman; James M. Norton;
Volume: 82 - Issue: 11 - Start Page: 1146 - ISSN: 00319023
With permission of the American Physical Therapy Association
Traduction : Alain Guierre

A l’éditeur :

Bien que la pensée préscientifique emblématique de la plupart des systèmes de soins « alternatifs » peut conduire à de rares intuitions fortuites, nombre de ces techniques ont été testées, ont échoué et devraient être abandonnées.

Nous avons par exemple observé dans notre laboratoire, et décrit dans Scientific Review of Alternative Medicine [1], une des procédures de manipulation (thérapie crânio-sacrée, ostéopathie crânienne) utilisée par de nombreux thérapeutes manuels, ergothérapeutes, médecins ostéopathes et autres. Nous en avons tiré plusieurs conclusions fondées sur nos observations.

Nous considérons que le mécanisme respiratoire primaire de Sutherland est sans fondement.

Les rythmes “crâniens” ne peuvent être générés à partir d’une motilité organique cérébrale car les neurones et les cellules gliales ne possèdent pas de réseaux denses de filaments d’actine et de myosine nécessaires pour produire de tels mouvements. Les autres hypothèses concernant la genèse de ce rythme (par ex. le modèle de “pressurestat” d’Upledger [2]) restent purement spéculatives. Le mouvement entre la base de l'os sphénoïde et de l'os occipital est impossible dès la fin de l’adolescence, car à ce stade, un os très solide s'est formé [3-6]. De plus, le mouvement entre les composantes de la voûte crânienne est impossible chez la plupart des adultes, car les sutures frontales et sagittales commencent à s’ossifier entre 25 et 30 ans et la suture lambdoïde légèrement plus tard [7-9]. La fiabilité interexaminateur est à peu près nulle; de nombreux coefficients publiés ont été négatifs, et l’explication la plus dérisoire des données collectées jusqu’à présent est l'imagination du rythme crânien par les praticiens. En conclusion, même si les prétendus mouvements crâniens et intracrâniens sont réels, se propagent jusqu’au cuir chevelu et sont précisément évalués par des praticiens, il n’y a pas de raison de croire que les paramètres de tels mouvements devraient avoir un lien avec la santé, et aucune preuve scientifique qu’ils peuvent être manipulés au bénéfice du patient.

De même en 1997, les auteurs d’un rapport préparé pour la société d’assurance de Colombie Britannique concluaient qu’ "aucune origine fonctionnelle plausible et aucune preuve empirique de l’efficacité de la thérapie crânio-sacrée n’a pu être identifiée à partir des documents examinés”[10]. En 1998, le Conseil National contre les Fraudes à la Santé concluait que “l’ostéopathie crânienne est davantage un système de croyance qu’une science”[11]. En 1999, des critiques indépendants trouvèrent des “preuves insuffisantes pour appuyer” [12] ou “recommander la thérapie crânio-sacrée aux patients, praticiens ou tiers payeurs pour n’importe quelle condition clinique que ce soit”[13].

Nous ne sommes au courant d’aucune recherche scientifique confirmant la valeur clinique de ces techniques. Nous ne devrions pas enseigner à nos étudiants que des restrictions et des déséquilibres de mobilité crânienne et intracrânienne seraient liés à la santé pourraient être manipulés pour le bien du patient, car il n’existe aucune preuve pour étayer de telles affirmations. Nous continuons à débattre de ce sujet, car l’ostéopathie crânienne n’est qu’un système de croyance, pas de la médecine. En tant que telle, elle est restée indifférente à sa réfutation depuis presque un siècle.

Nous ne caractérisons pas uniquement la thérapie crânio-sacrée comme un système de soins différent dont la connaissance est incomplète. Au contraire, nous croyons que la thérapie crânio-sacrée à la même relation à la vraie médecine que l’astrologie à l’astronomie. C’est-à-dire que cette approche de “soins” est une fiction médicale et il est inapproprié d’enseigner une fiction dans les programmes médicaux ou paramédicaux.

Il n'est pas dans notre intention de manquer de respect aux praticiens qui pourraient ressentir leur identité professionnelle mise en cause par nos opinions. Cependant, tant que les chercheurs n’auront pas reproduit des preuves d’efficacité en utilisant correctement des essais scientifiques contrôlés, nous pensons que la thérapie crânio-sacrée/ostéopathie crânienne devrait être supprimée de tous les programmes de médecine et des professions de santé apparentées.

Professeur Steve E Hartman, PhD
Department of Anatomy
College of Osteopathic Medicine
University of New England
Biddeford, ME 04005


Professeur James M Norton, PhD
Department of Physiology
College of Osteopathic Medicine
University of New England

http://publicweb.directnom.com/~DN-11026/Hartman_Norton3

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Nous avons un site sur la recherche en Ostéopathie. Vos traductions sont très intéressantes, pourquoi ne pas venir les publier sur notre portail? ou alors nous allons faire un article qui pointera vers le vôtre.
A bientôt.
Protin Loïc
www.r-do.org